de Courcelles-Chaussy
L'origine
de l'agglomération courcelloise n'est pas connue, mais il n'est pas exclu qu'elle
se soit
développée après la conquête romaine autour
des villas,
dont quelques vestiges ont été mis
à jour à partir de 1900
tant sur le ban communal
que les bans limitrophes. En effet les
substructions d'une villa d'environ 35 X 20,50 m aux
pièces d'habitation encore revêtues d'enduits peints témoignent
d'une
activité agricole à Urville
où fonctionnait également
une fonderie de fer
avec un petit haut fourneau.
D'autres
vestiges moins importants
ont été découverts
dans
la forêt de Courcelles
dans le voisinage de la
Fontaine de Crémont,
ainsi qu'au nord et au sud de l'agglomération.
Sur
le chemin rural
conduisant de Courcelles
Chaussy à Frécourt au lieu-dit "Renaucru"
deux autres villas ont été
remarquées à la même
époque.
Vers
Frécourt, c'est une
villa de plan presque
carré avec cour
intérieure de
petites dimensions, la rendant impropre aux travaux
rustiques, qui
a
été mise à jour ainsi
qu'un fragment de statue
en calcaire grossier
représentant les restes
d'un cavalier.
Entourée de domaines
agricoles la région courcelloise
était à l'époque aisèment accessible
depuis la voie romaine de Metz à Keskastel
via Pange et Chémery
et par celle de Metz à WORMS, qui
en passant au Nord-Ouest de Retonfey rejoignait Boulay via Les Etangs.
C'est de l' invasion de 275 que date
la destruction systématique de toutes
les stations de route et de toutes les villas
gallo-romaines de nos campagnes et celles
de la région courcelloise comme semblent
l'indiquer les indices mis à jour
à partir de 1900.
IV°
Siècle
Les
invasions recommencent, Francs et Alamans
venus de Germanie avancent jusqu'à
Charleville-sous-Bois, Hayes, Landonvillers, Courcelles en y dessinant
progressivement la frontière
linguistique.
La vallée de la Nied
française, avec les localités de Pontigny, Servigny et Courcelles
conservent la langue
romane alors que Landonvillers garde dans son nom le préfixe germanique
"Land", "Lando",
V°
Siècle
- VI°
Siècle
Vers
le V° siècle le pays est divisé
en districts et pour la première
fois apparaît la dénomination
de "Pagus Nitensis" pays de la Nied
dont les
limites sont imprécises; la
forêt du Warndt le sépare du
pays de la Sarre, celle de Remilly forme
la frontière avec le "Pagus
Mettensis" Pays Messin
et celui de la Seille. Pont à Chaussy,
Les Etangs, Hayes semblent être
les points bornes du
"Pagus Nidensis"
En 451 les Huns,
conduits par Attila , saccagent tout le
pays détruisant Metz (Métis) la veille
de Pâques. Ils sont battus à la bataille des Champs
Catalauniques par l'armée gallo-romaine
d'Aetius, alliée aux Wisigoths de
Théodoric et aux fédérés
barbares, mais cette victoire ne change rien au destin
de la Gaule du nord-est qui, vers 454 ou
455, passe définitivement sous la
domination des Francs. Vingt et un ans plus
tard l'empire
romain d'occident disparaît.
A
la fin du V° siècle, les ruées
successives ont mis la région dans
un état lamentable: absence de gouvernement, villas rurales
rasées au niveau du sol, terres autrefois
cultivées laissées en friche,
stations routières marquées
par des ruines, villes saccagées,
misère générale aggravée
par des actes de pillards sémant
la terreur, seule
l'église représente encore
la foi et la confiance en une ère
meilleure. Tel est de la Gaule quand
Clovis, fondateur de la nation franque étend son pouvoir sur le nord-est.
Initié à la foi chrétienne
à Toul, Clovis est baptisé le 25
décembre 496 dans la cathédrale
de Reims. Jusqu'à sa mort
son nom ne se trouve plus mêlé
à un épisode ayant pour
cadre les pays lorrains où il laisse
le francique, langue encore parlée
aujourd'hui en Moselle, en Sarre, au Luxembourg
et dans le Palatinat par des dizaines de
milliers de personnes.
VII°
au IXème.
L'inventaire
des différents fiscs réalisés à
partir de 811, par les missi dominici de
Charlemagne recense pour la première fois dans
le détail, villae, terres cultivées,
leur superficie, le nom des paysans et de
leur famille ainsi que les redevances qu'ils
sont tenus de verser.
C'est
à cette époque qu'apparaît la
première mention concernant Courcelles Chaussy.
Il s'agit vraisemblablement d'un domaine
agricole, propriété de l'
Eglise de Metz désigné par
le nom de Calciacum .
En
843, après
plus d'un an de pourparler, justifiés
par
la nécessité de tenir compte des biens de l'église,
des Comtés, des particularités
ethniques et linguistiques de chaque région, le
Traité de Verdun partage
l'empire de
Charlemagne en 3 Etats
entre ses trois petits fils ;
la France à l'Ouest, l'Allemagne
à l'Est, la Lotharingie au centre.
La Lotharingie se brise à la
mort de Lothaire 1er et devient rapidement
et pour de
longs siècles, l'enjeu de luttes entre
les deux puissances.
Carte
politique de l'Europe du Centre et de l'Ouest
en 870 après le traité de
Mersen
qui morcelle la succession de Lothaire II.
Le pagus Nidensis (Pays de la Nied)
est
attribué à Louis le Germanique lequel obtient entre autres,
Metz, Trèves, Aix la Chapelle et
la Frise.
Charles le Chauve
se contente de Toul, Saint Mihiel, Verdun,
Mézières et Liège. -
X°
Siècle
Le pouvoir
s'affaiblit progressivement et le pays se divise en seigneuries
à peu près indépendantes
favorisant ainsi l'installation du régime
féodal. Le Pagus Nidensis passe en 909
à Luithardus et en 960 à Gottfridus.
En
925, la Lorraine est rattachée
à la dynastie saxonne. La première mention du village de Raville
(Radinga), dont le nom sera associé
à celui de Courcelles,apparaît
en 926.
Les comtes de Luxembourg y érigent un château fort qui deviendra par
la suite le siège d'une importante
seigneurie.
Le
2 Février 962 à Saint Pierre de Rome, Otton
Ier, roi de Germanie depuis 936, est couronné
Empereur, faisant après deux siècles
renaître le Saint Empire et divise la Lorraine en deux duchés
: Haute et Basse Lorraine. Progressivement
le nom de Lorraine
finit par ne désigner que la Haute
Loraine qui comprend les diocèses
de Trèves, Metz, Toul et Verdun.
XI° , XII,°
Siècle
Chaussy dont
l'importance n'est pas connue figure à
nouveau au XII
ème, dans un traité de partage entre ducs de Lorraine
sous le nom de Curia de
Chancey.
A cette époque une
grande partie du pays de la Nied, dont
Faulquemont deviendra la capitale
après 1136, appartient
déjà aux seigneurs de Créhange
et de Raville (Rollingen) et qui
vont rapidement tenir le premier
rang en Lorraine et au Luxembourg.
XIII°
Siècle
Dans les actes de l'inventaire des titres
de Lorraine, en 1206, le
hameau de Chaussy n'apparait plus que
sous le nom de Chancey.
Jean de Varsberg
de
la Maison de Raville (Rollingen),
bailli de la Lorraine allemande en devient
le
voué. Sa
juridiction s'étend à ""tout ce que le duc Mathieu II et le duc
Ferry III avaient en la vouerie de Chancey," Il est en outre
à la tête d'autres fiefs
épiscopaux.
Urville
fait alors partie de la seigneurie de Chancey
et
plus tard de la baronnie de Raville .
En 1258, Jean de Varsberg,
feudataire de l'évêque Jacques de Lorraine et justicier du duc, reçoit
en pleine propriété
de Henri de Deux Ponts, qui le tenait du
Comte de Sarrebruck, le
château de Varsberg (Alt Varsber)
En 1262,
en
prenant judicieusement le parti de Ferry III , en conflit
avec l'évêque de Metz, il reçoit en plus
les
fiefs du château fort et une partie de la forêt du Warndt comme
propriétés libres.
Dans un acte de 1264,
conservé aux archives de l'Ordre
Teutonnique, il est indiqué que Jean de Varsberg cède huit journaux de terre près de la voie
romaine des Etangs. Dans un autre acte de 1274 il est cité comme Voué de Chancey et justicier du duc et du prince de Metz En 1281 il partage avec son frère Jacques
dit "Jacques de Varize" la vouerie de
Chaussy
laquelle comportait alors Courcelles,
Landonvillers,
Urville et Chevillon.
Jean de
Varsberg meurt en 1284
, sans héritier. Ses neveux, Jean et Robert de Mengen, issus
des Raville,
demandent à Ferry III l'autorisation de louer la vouerie de
Chaussey à Dietrich de Varsberg, seigneur de Mengen-Bliesmengen, comme
en atteste un acte figurant dans l'inventaire
des titres de Lorraine et où il est
fait état de la Cour
de Chaussy. ;
deux
ans plus tard, il recevra
également en fief le château de Varsberg
Comme son oncle
avant
lui ,
Jean
de Mengen devient justicier pour la Lorraine
de langue allemande et jouira auprès du
duc et dans le pays de la plus grande autorité.
XIV°
Siècle
De
nouvelles cessions interviennent en 1344
et
Isembart, fils de Jean de Raville cède une
partie de
ses rentes à
Courcelles-Chaussy, Landonvillers et
Frécourt à l'échevin Jean Le Gronnais qui en 1347
acquiert également la part
de Jacques de Raville.
En 1348 La cour de Chaussy devient "Chaussey
et
va par le jeu des héritages passer
progressivement aux mains des Créhange.
En l'an 1356, à l'occasion de la publication
de la Bulle d'Or à Metz ,
l'empereur Charles IV fait étape à Créhange
et la réception que Jean 1er donne en son honneur enchante tellement
l'auguste hôte
qu'il lui permet de battre monnaie portant
le blason de Créhange. Jean 1er l'accompagne à Metz et prend part
aux festivités mais dépense
tellement qu'il doit emprunter et ne remboursera
que sous la contrainte.
En
épousant Henriette, fille
héritière de Jean seigneur
de Forbach, Jean 1er devient seigneur de Rollingen-Pûttlingen
( Raville-Puttelange).
Il obtient 1/3 de la seigneurie
de Forbach, une partie du château
de Raville, une partie de Varsberg (Warnesperch
et toute la seigneurie de Pûttlingen au
Köllertal.
En sa qualité
de seigneur
de Rollingen (Raville) Jean devient vassal
de Wenceslas de Bohême, duc de Luxembourg
et achete en 1388 une partie de la seigneurie
de Sierck; il est alors à la tête
de 35 seigneurs et vassaux. Lorsqu'il
meurt le 1er septembre
1398 Jean 1er laisse 4 enfants et un patrimoine
important.
A
cette époque, Chaussy possédait
déjà une église
comme en atteste la liste des paroisses
de 1360 de l'archiprêtré
de Varize où elle apparaît
sous la mention
de :
"Ecclesia
de Chaussey".
L'an
1362 marque le retour des débris
des compagnies franches surnommées
"les bretons"ramenant avec eux la désolation
dans le pays. La cité messine s'en débarrasse
à prix d'argent et la guerre devient
alors une véritable industrie
pour le grand malheur des villageois qui,
directement ou indirectement , en subissent
les conséquences.
Hayes,
toute proche est
détruite en 1367 par les
messins et n'est rebâtie qu'en 1576
par le comte Louis de Nassau-Sarrebruck,
seigneur de Helfedange, qui
plus tard la cède au baron Pierre
Ernest de Créhange.
En
1368, la seigneurie de Chaussy
est toujours entre les mains des
Mengen car Anna de Mengen apporte, par
son mariage avec Richard de Daun et Densborn,
maréchal de Luxembourg, sa part de
vouerie
de Chaussy
avec partie de Silly.
Jean
II (1378-1431)
seigneur
de Créhange épouse en 1386 la
riche Irmengarde de Pittingen ce qui agrandit encore la maison de Créhange qui dès
lors intégre le nom de Pittingen (seigneur de Créhange et de Pittingen) Après
la mort de son beau-père, Jean II hérite de la 1/2 de Pittingen et d'Arloncourt, une
partie de Varsberg , de Dagstuhl et de Larochett.
Pendant la guerre, dite des
Quatres seigneurs, Jean II se bat aux
côtés des Lorrains. Fait prisonnier
lors d'un affrontement il est libéré
sur la promesse de rester à vie le
vassal du Duc d'Orléans et de lui
aider comme les autres hommes de Luxembourg
avec lesquels il s'était réconcilié.
XV°
Siècle
En 1401
les Créhange-Raville
donnent, comme arrière-fief de Luxembourg,
la Maison forte des Etangs à des
familles messines et Pont à Chaussy
passe en partie à la famille Groignat de METZ .
Urville, Chaussy, Courcelles, Landonviller
ne dépendent pas encore du pays messin,
et refusent l'impôt arguant qu'ils appartiennent à des étrangers
ou que ceux-ci y exercent des droits
de vouerie.
Jean II de Créhange et de Pittingen, prend
part à la célèbre
bataille de
Bulgnéville où il meurt le
2 juillet 1431. Jean III, son successeur, épouse
Elisabeth de Daun, fille de Philippe de
Daun et par ce mariage obtient la dignité
de maréchal héritier de
Luxembourg; comme son père il meurt
au combat avec Luxembourg
en l'an 1432.
Jean IV de Créhange (1436-1510) parvient
également à étendre ses
possession et compte
parmi les plus puissants de la Lorraine
allemande. Son mariage avec Marguerite
de Bacourt, lui apporte
les châteaux de Bacourt avec Bréhain,
Chevillon, Morville, Marthil, Lesse, Lucy,
Chénoy, Thimonville, Moncheux. Une
partie
du comté de Créhange avec
la prévôté de Téting,
Lelling, Folschviller, une partie de la
seigneurie de Pûttlingen , une
partie de la seigneurie de Château
Bréhain
et Faulquemont ainsi que les métairies
de Landorf et Eincheville.
Sa
seigneurie comptait pas moins de 17 châteaux-forts
avec pont-levis, plus de 40 vassaux et jusqu'à
200 villages entre la Meuse et le Rhin.
En septembre
1444, de nouvelles hostilités
poussent le duc de Lorraine à assiéger
Metz, qui
inviolée gagne le surnom de "Pucelle", mais
les villages alentours sont pillés
et brûlés. Louvigny est assiègée,
le château de Vry sur le plateau du
Haut Chemin est pris par les "écorcheurs
Français" lesquels occupent aussi
celui
de Goin et la maison forte de Villers-Laquenexy.
Les hameaux de Chaussy et de Courcelles
sont occupés par
un détachement avec douze chevaux
de l'armée française de Charles VII allié de René I° duc
de Lorraine.
Lors
de la guerre Bourguignonne de 1475
à 1477, pour l'unification de la Lorraine,
Jean IV de Créhange choisit
le camp du duc de Lorraine alors
que Gaspard de Raville se rallie à Charles
le Téméraire duc de
Bourgogne et de Luxembourg, dont il devient
le conseiller.
A
la mort du Téméraire à
la bataille de Nancy, le duc de Lorraine lui
fait payer ce choix et lui retire son fief lorrain de Varize .
Gaspard de Raville se retire
alors au Luxembourg
où "il tient dignités et
seigneuries". Grâce à l'assentiment de certains nobles des
pays de la Nied la suzeraineté luxembourgeoise
tend à devenir souveraineté
et dès 1477 il est question de défendre
la frontière luxembourgeoise sur
ses anciennes terres à
Raville.
En
automne 1489 un nouveau conflit, qui
va durer près de neuf mois, oppose
le duc de Lorraine à la riche cité
messine appuyée par l'Empereur
Germanique. De nombreux villages du pays
messin sont à nouveau mis à sac par les soldats
de René II auquel le roi de France
n'a pas voulu apporter son soutien.
A ces attaques
les troupes messines, composées de
mercenaires allemands, français, bourguignons et espagnols, ripostent
par des razzias dans les villages Lorrains
et le 24 Mars 1490 elles s'emparent du
bétail et incendient les
villages de Courcelles et de Chaussy ainsi
que d'alentour; le
duc applique les mêmes méthodes
et incendie Pange et Les Etangs.
A
partir de 1495, une distinction est faite
entre
la Nied allemande appelée "Nied
des allemande" et la Nied française
dénommée "Nied
romande"
par référence à la langue parlée
dans ces régions, alors que
dans les localités limitrophes comme
Courcelles Chaussy les
deux langues sont utilisées couramment.
Le
mariage, sur
dispense du St Siège à Rome,
de Jean
V de Créhange (1480-1530) avec sa parente au 4° degré Irmegarde,
fille unique de Guillaume de Raville, semble
donner à la maison de Créhange
la possession complète de la seigneurie
de Chaussy , et marquer le point de
départ du développement de
Courcelles concrétisé par
la construction du château.
A
la fin du moyen âge les villages
de Chaussy et Courcelles se trouvent encore
à la frontière du pays messin
et un tribunal d'estaut installé
à Pont-à-Chaussy règle
les conflits entre les représentants
des deux juridictions.
C'est
dans le même temps qu' apparaissent les premières
familles messines. C'est par elles que les villages de
Chaussy
et Courcelles et
ceux
environnants vont lentement entrer dans "le Haut Chemin" dont
la ligne séparative est assez floue et au
sujet de laquelle les documents sont parfois contradictoires
Mais
la fin du moyen
âge
est également marquée par la peste
qui sévit dans le pays messin et emporte plus de seize mille personnes rien
que dans la cité
messine.
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