Le 19 Juillet l'Empire
français déclare la guerre à
la Prusse, alliée
aux Etats Allemands. Face
à un adversaire longuement préparé Napoléon III aligne 250 000
hommes mobilisés et concentrés sur la frontière au milieu
du
pire désordre.
Pour satisfaire l'opinion
inquiète de la lenteur des opérations, la division du général Bataille lance
le 2 août, en présence de Napoléon III et de son fils, une attaque sur Sarrebruck d'où elle
chasse quelques bataillons
prussiens. Ce succès n'est
pas exploité par les troupes impériales qui
n'entrent pas dans la ville mais restent
concentrés
en arrière des hauteurs de Sarrebruck.
Le 5 Août 1870, en fin
d 'après midi la Garde
impériale, forte de 22 000 hommes et 7 304 chevaux, arrive à Courcelles-Chaussy
où le général Bourbaki fait dresser les
tentes. Hommes et montures sont
harassés.
Les longs déplacements imposés par
d'incessants
ordres et contre-ordres les ont
en effet conduits depuis tôt le matin de Volmerange vers Sarrelouis, puis sur METZ, via Courcelles
d'où, et sans l'ordre du général
Bourbaki, ils devaient rejoindre Saint-Avold.
Mais ce repos tant attendu ne sera que de courte durée car durant la nuit
un orage d'une rare violence transforme
les prairies bordant la Nied
en un véritable lac de boue.
Uniformes et équipements sont détrempés, mais c'est du côté de l'Intendance,
dont les voitures n'avaient pas été couvertes par négligence, que les pertes en
vivres sont les plus catastrophiques.
Le 6 au matin,
alors que la Garde impériale quitte
Courcelles Chaussy pour se diriger vers
Saint-Avold, le bouillant général
Steinmetz Commandant la 1ère
Armée attaque les troupes françaises du
général Frossard occupant les hauteurs de Spicheren, Stiring et Forbach.
A la nuit, après avoir perdu 4000 hommes et en avoir mis 4800 hors de combat,
Frossard
donne l'ordre de la retraite pour ne pas être encerclé.
Après les
batailles du 6 août, Napoléon III envisage d'abord de concentrer les corps de
Lorraine, vers Saint-Avold, mais renonce immédiatement à ce projet et décide de
ramener toutes les troupes sur Chalons pour couvrir Paris et gagner du temps.
Les ordres étaient déjà donnés, lorsque l'intervention de l'impératrice et du
conseil des ministres vient à nouveau tout changer. La crainte d'une révolution
à Paris ne permet pas d'abandonner la Lorraine sans combattre et on prend
finalement le parti de diviser l'armée en deux masses, l'une sous METZ, formée
des corps de Lorraine, l'autre sous Paris.
Résolu à livrer bataille en Lorraine
Napoléon III concentre alors la future « Armée de METZ » sur la rive
gauche de la Nied plaçant du même coup Courcelles-Chaussy au centre
du dispositif.
Le 8 Août, la Garde impériale qui s'était avancée jusqu'à
Longeville-lès-Saint-Avold est de retour à Coucelles-Chaussy où elle se déploie pendant que l'artillerie
s'installe à Pont-à- Chaussy et Urville
où dès le lendemain Bazaine installe son quartier général.
Le 10 Août,
le 2° corps de Frossard est disposé autour de Rémilly, le 3° corps de
Bazaine de Pange à Silly-sur-Nied, et le 4° de Sainte-Barbe à Glatigny. La
Garde impériale quitte Courcelles et se porte à Landremont, Maizery et
Colligny, l'artillerie à Borny et la cavalerie de réserve à Montigny.
Pont-à-Chaussy est mis en défense, les maisons sont crénelées, les abords du pont sont organisés et une batterie d'artillerie est établie pour en défendre le
passage.
Cette concentration, sur le front Courcelles-Les Etangs, ranime la confiance et le
6ème corps d'armée, embarqué à Châlons, rejoint l'armée de Lorraine portant son effectif à 178 000 hommes; le
10 il est même question d'offensive.
Pendant que la division Castagny se déploie au
dessus de Pont-à-Chaussy, l'Empereur rencontre Bazaine au château d'Urville où les rejoignent le maréchal Leboeuf, les généraux Bourbaki
et Changarnier.
Bazaine n'accepte qu'avec répugnance la
mission de défendre la position de la Nied estimant non sans motif, que
le champ laissé à l'armée française sur son front n'y était ni assez découvert,
ni assez étendu, que la proximité des bois de Hayes et de Cheuby offrait à
l'adversaire de trop sérieux avantages, et que son propre effectif ne lui
permet pas de les disputer à celui-ci.
Après cet
entretien et voulant juger par lui-même
l'Empereur inspecte tout le secteur A l'issue il se rend à Pange pour y présider un conseil de guerre et se laisse encore une fois conduire
par les événements, d'autant qu'il vient d'apprendre que l'armée du Prince
Frédéric-Charles est aux portes de NANCY, menaçant de tourner nos forces en
Lorraine.
L'Empereur abandonne alors non seulement l'idée de
reprendre l'offensive, annoncée déjà
par le major général au ministre de la Guerre, mais encore celle de défendre la
ligne de la Nied. Il revient à son premier projet de concentration au camp de
Chalons, laissant seulement à METZ une garnison suffisante C'était depuis
le 6 Août la troisième modification
apportée au plan des opérations.
La nuit du 10 au 11 est des plus mauvaise, dès le
matin l'Armée est sous les armes. On
signale les uhlans vers les hauteurs de Pange et entre les deux
Nied ; sur une fausse alerte le maréchal quitte le château d'Urville pour
Colombey, le 2° corps se retire de Remilly pour
METZ et le 4° se déplace vers Grimont.
J.Salle,
vétérinaire aux Dragons de l'Impératrice, qui 48 heures plus tôt campait à Courcelles dans les terres
labourées, en arrière de la Garde, relate ainsi ce déplacement « Le
11, à 4 heures du matin, on était à cheval, le temps était mauvais, la pluie
tombait sans discontinuer, et les racontars, de même que la pluie, arrivaient
de toutes parts. Il n'était pas possible de suivre la route, tant qu'il y avait
d'infanterie, de voitures des équipages et de réquisition, de mulets chargés de
cacolets et de malheureux habitants fuyant devant les Prussiens qui, disaient-ils, étaient tout près de nous .......... »
Le 12 Août, Bazaine est nommé commandant en Chef.
Alors que l'armée est au repos avant la retraite sur Chalons le général Steinmetz, commandant la I °
armée allemande, installé à Varize concentre derrière les deux Nied, sur un front de 30 km, 116 000 hommes,
37 chevaux et 270 pièces .
Informé de l'abandon de la ligne de la Nied le roi lui ordonne de : « se
porter demain 13 août, sur la Nied française, le gros sur la ligne le
Etangs-Pange, et faire occuper la gare de Courcelles. La cavalerie poussera des
reconnaissances et franchira la Moselle en aval. La I ère armée couvrira ainsi
la droite de la II° »
Cet
ordre est exécuté sans la
moindre difficulté, et le 13 le général Falkenstein avec sa division et
de l'artillerie traverse la Nied à Pont à Chaussy et campe au château
d'Urville alors qu'une division du général de Manteuffel s'installe à Courcelles-Chaussy .
Le lendemain aux premières heures les troupes françaises
amorcent leur retraite sur Chalons. Sans ordre supérieur, le général Von der
Goltz décide d'initiative à les forcer à faire demi-tour et de les maintenir
sur place et dès 15 heures 30 lance de Laquenexy vers Colombey l'avant-garde du 7° corps prussien au
combat.
Cette bataille que les Français appelleront « de
Borny » et les Allemands « de Colombey-Nouilly » reste jusque au bout indécise mais retarde nos
troupes dans leur retraite.
Elle coûtera
4900 hommes dont 222 officiers côté allemand et 3418 hommes et 200 officiers
côté français parmi lesquels le général Decaen, successeur de Bazaine à la tête
du 3° corps.
La décision d'abandonner la Nied avait certes éloigné le
front, mais Courcelles-Chaussy
occupée
par les troupes assiégeant Metz voit affluer de nombreux blessés
vers les trois ambulances de secours établies
dans la localité et dont une restera en
place jusqu'au printemps. De nombreux tués
seront ensevellis dans les cimetières
du village.
METZ
capitule le 27 octobre au
château de Frescaty où Bazaine livre honteusement 173 000 hommes, 1 400 canons,
200 000 fusils aux Allemands, qui occupent la ville et les forts à compter du
29 octobre.
Le 10 mai 1871, le Traité de Francfort annexe l'Alsace et la Lorraine à l'Empire allemand
et donne aux Alsaciens-Lorrains jusqu'au 31 octobre 1872 pour opter en faveur
de leur nationalité française
et quitter le pays. Passé ce délai,
ils
deviendront Allemands. Près de 159
000 Alsaciens-Lorrains choisissent de conserver
la nationalité française et
quittent les départements annexés.
Un
an plus tard les dernières troupes allemandes évacuent
définitivement les autres régions françaises occupées.
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